Iglika Christova est une sculptrice et docteur en recherche à l’Université Paris I Panthéon – Sorbonne en Arts et Sciences de l’Art. Elle s’inscrit dans une recherche interdisciplinaire entre l’art et la biologie.
Afin d’initier un dialogue entre le dessin et le microcosme des substances vivantes, elle collabore avec différents acteurs de la recherche scientifique. Lors de ses récentes expositions personnelles, tenues à la Galerie Arosita (février 2019), à l’Orangerie-Espace Tourlière (novembre 2017) et à la Galerie Graphem (janvier 2017), Iglika Christova a présenté la vie invisible des arbres, des OGM, ainsi que des microorganismes se développant dans une goutte d’eau.
À travers ces explorations, le dessin émerge comme un moyen d’agrandir et d’étendre le microcosme dans l’espace d’exposition ; d’autre part, la contribution du microcosme des substances vivantes pousse Iglika Christova à repousser les frontières du dessin sur et en dehors du papier vers un dessin défini comme « vivant » réalisé à travers des microorganismes.
Iglika Christova
Percevoir tout l’univers dans une seule goutte d’eau
Iglika Christova est plasticienne et chercheure.
« En tant qu’artiste, je me situe dans un entre-deux fondamental. D’abord, je me suis construite entre deux pays (la Bulgarie et la France), le premier m’a appris à dessiner (École des Beaux-Arts de Sofia), le second à questionner le dessin et ses frontières (École des arts de la Sorbonne). Puis, je m’inscris dans une création-recherche, dans l’entre-deux de l’art et de la science. Au gré de collaborations avec des scientifiques, mes dessins se lient aux mécanismes du monde vivant pour apporter un autre regard sur les images et les connaissances scientifiques. »
Pourquoi êtes-vous devenue artiste et comment ?
Je ne me suis pas laissée d’autres choix. Depuis mes premiers dessins (vers l’âge de trois ans), jusqu’à mon geste interdisciplinaire actuel, la création reste le seul espace-temps où je parviens à me réconcilier avec le monde. J’entends par là, une possibilité d’arrêter le temps, de s’oublier jusqu’à percevoir l’univers entier et sa propre existence dans une seule goutte d’eau.
Comment définiriez-vous votre pratique ?
Née de la rencontre entre science et rêverie, ma pratique du dessin m’apparaît comme un cheminement continu avec sa part de rationnel et d’irrationnel, de logique et de mystère. Il s’agit de questionner le dessin sous toutes ses formes à la lumière des connaissances biologiques pour le déplacer vers un dessin dit « vivant » réalisé par des micro-organismes. Ici, les plus petits éléments de la nature figurent des « œuvres vivantes », c’est-à-dire des situations ouvertes.
Pourquoi est-il important de faire découvrir l’art aux enfants ?
Nous ne le répéterons jamais assez : les enfants sont notre avenir et l’avenir du monde. Chaque enfant est un explorateur infatigable. Faire découvrir l’art aux enfants n’est pas seulement leur offrir des champs d’expression ; l’art est intrinsèque au développement des enfants. Il ouvre des laboratoires d’investigation des plus inspirants où l’enfant peut acquérir des connaissances sur lui et sur le monde tout en réalisant ses propres découvertes.
Qu’attendez-vous de l’ailleurs, d’un horizon qui n’est pas le vôtre ?
Un nouvel horizon est bien sûr une promesse d’errance artistique, de rencontres et de découvertes. Une promesse que je préfère pour autant ne pas charger d’attentes, d’idées préalables sur l’ailleurs. C’est au geste artistique de s’adapter aux flux de la vie et non pas l’inverse.